Dépistage du VPH : un pas révolutionnaire dans la prévention du cancer du col de l’utérus
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Pourquoi y a-t-il toujours des décès associés au cancer du col de l’utérus au Canada?
Il est possible de prévenir ou de traiter presque tous les cas de cancer du col de l’utérus s’ils sont détectés rapidement. Pourtant, l’incidence de ce type de cancer ne cesse d’augmenter : selon la Société canadienne du cancer, le cancer du col de l’utérus est l’un des types de cancer dont l’incidence augmente le plus rapidement au pays, avec une hausse des cas de 3,7 % par année depuis 2015.
La Dre Gina Ogilvie tâche de contrecarrer cette tendance. À titre de médecin spécialiste en santé mondiale et en santé publique et clinicienne-chercheuse à l’Université de la Colombie‑Britannique, elle mène des études axées sur la prévention et le dépistage précoce du cancer du col de l’utérus ainsi que sur l’accès équitable aux soins.
« Toutes les femmes en âge de procréer profiteront des conclusions de nos travaux », se réjouit la Dre Ogilvie.
Le virus du papillome humain (VPH), une infection transmissible sexuellement très répandue, s’avère la principale cause du cancer du col de l’utérus. Bien que le vaccin contre le VPH aide à prévenir l’infection, son efficacité s’accroît lorsqu’il est administré avant l’exposition au virus, et plus encore s’il est administré en bas âge.
En outre, se soumettre régulièrement à un test de dépistage réduit le risque de cancer du col de l’utérus. Il en existe deux types : le test Pap, qui permet de déceler les cellules anormales sur le col de l’utérus, et le test VPH, qui détecte la présence de VPH à haut risque.
En 2007, l’équipe de recherche dont fait partie la Dre Ogilvie a reçu des fonds des IRSC afin de comparer l’efficacité de ces deux tests à dépister le cancer du col de l’utérus. Résultat : le test VPH s’avère la méthode la plus fiable pour cerner les personnes à risque.
« Le test VPH offre une protection accrue contre le cancer, affirme la Dre Ogilvie. De plus, un résultat négatif à ce test est plus précis qu’un test Pap négatif. Il est donc possible de prolonger l’intervalle entre deux tests de dépistage avec une plus grande assurance et, ainsi, d’en diminuer la fréquence. Selon certaines de nos analyses récentes, le test VPH garantirait une protection efficace pendant un maximum de sept ans. »
Les travaux de la Dre Ogilvie et de son équipe ont joué un rôle déterminant dans la modification des lignes directrices sur le dépistage du cancer du col de l’utérus à l’échelle du pays. La totalité des provinces et des territoires canadiens ont adopté ou sont en voie d’adopter le test VPH comme principale méthode de dépistage.
En 2019, l’équipe dont fait partie la Dre Ogilvie a obtenu une autre subvention des IRSC afin d’examiner les mesures de prévention primaire et secondaire du cancer du col de l’utérus. L’acceptabilité de l’autoprélèvement figurait parmi les sujets à l’étude. La trousse d’autodépistage du VPH est un moyen pratique, rapide et indolore de prélever un échantillon dans le vagin à domicile. « Cet outil de dépistage peut aider à résoudre certains problèmes d’équité. Il permet aux femmes d’avoir le plein contrôle sur le processus de dépistage, explique la Dre Ogilvie. Si une femme a déjà subi un traumatisme ou qu’il s’avère pénible pour elle de passer un examen gynécologique, l’autoprélèvement peut être une bonne solution. Cette méthode peut se montrer attrayante aussi pour les mères sur le marché du travail qui ont du mal à trouver le temps de se présenter à un rendez-vous. Dans les petites communautés, les femmes qui croisent régulièrement leur médecin, à l’église par exemple, peuvent par ailleurs hésiter à se soumettre à un test de dépistage ».
Les trousses d’autodépistage servent également aux femmes qui vivent dans une région rurale ou éloignée et qui ont difficilement accès aux services de dépistage, de même qu’à celles qui ne peuvent profiter d’un programme de dépistage adapté aux différences culturelles.
« L’autoprélèvement améliore la portée des efforts de dépistage, en particulier chez les femmes qui passent normalement sous le radar, ajoute la Dre Ogilvie. Cette méthode donne aux femmes les moyens de prendre leur santé en main. »
Le Canada s’est donné comme objectif d’éliminer le cancer du col de l’utérus au pays d’ici 2040. Les travaux de recherche de la Dre Ogilvie contribuent grandement à l’atteinte de cet objectif en démontrant les avantages des programmes de vaccination et de dépistage du VPH. Les résultats de la Dre Ogilvie ont d’ailleurs incité les provinces et les territoires à adopter le test VPH comme principale méthode de dépistage. Cet outil et la promotion de la vaccination contre le VPH représentent des facteurs clés pour devenir le premier pays au monde à éliminer le cancer du col de l’utérus.
En bref
L'enjeu
Le cancer du col de l’utérus constitue le type de cancer qui connaît la plus forte croissance au pays et touche plus largement les femmes dans les régions rurales ou éloignées. Il est possible de prévenir ou de traiter presque tous les cas de cancer du col de l’utérus s’ils sont détectés rapidement.
La recherche
La Dre Gina Ogilvie est titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur la lutte mondiale contre les maladies et les cancers liés au VPH, à l’Université de la Colombie Britannique, et chercheuse à l’Institut de recherche sur la santé des femmes de la province. Elle et son équipe ont obtenu du financement des IRSC pour mener des travaux de recherche sur le cancer du col de l’utérus. Plus précisément, l’objectif est d’examiner les méthodes de prévention, de dépistage et de traitement possibles, peu importe l’endroit où l’on vit. Ces travaux ont mené à la modification des lignes directrices sur le dépistage du cancer du col de l’utérus à l’échelle nationale et représentent un pas de plus vers l’élimination du cancer du col de l’utérus au pays d’ici 2040.
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